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TRAVAUX DOMAINES

Interview du Pr. DIOPOH KORE Jacques, Secrétaire du Domaine des Sciences exactes

Pr Diopoh Kore jacques, en quoi consiste le rôle de Secrétaire d’Académie ?

Je suis le secrétaire d’Académie du Domaine des sciences exactes. Je suis à la première année de mon deuxième mandat. Les mandats durent trois années. Dans la structuration de l’ASCAD, les Domaines sont constitués de plusieurs pôles disciplinaires qui ont la caractéristique d’avoir des affinités d’action et de réflexion. Le Domaine des sciences exactes comprend Les mathématiques, la physique, la chimie. On aurait pu y ajouter les Sciences informatiques, mais je crois qu’elles sont considérées comme affiliées aux mathématiques.

Dans la logique de l’ASCAD, le Domaine doit être finalement à la base du fonctionnement de l’Académie. L’Académie existe par les activités des Domaines. Au niveau stratégique, ceux-ci mènent des réflexions sur des thèmes généraux ou spécifiques, analysent pour avis des dossiers venant de la Présidence pour permettre de prendre des décisions. Par exemple, le dossier sur le plan stratégique de l’ASCAD a donné lieu à des réflexions avant de donner notre avis, comme ça été le cas également du dossier sur Les indemnités pour les anciens présidents de l’ASCAD. Des réflexions internes sont menées au niveau du Domaine des sciences exactes, sous forme de conférences. C’est ainsi que l’année dernière le Pr. Toure SALIOU nous a entretenu sur le thème « les femmes et la science en Afrique ». Ce fut Intéressant ; le Pr. KOUA Konin a également communiqué sur le thème « Est ce que les sciences exactes nourrissent leurs hommes ? »

Quelles sont les questions débattues dans votre Domaine ?

Cette année, le programme de réflexion va se dérouler sur un thème général axé sur « la contribution des sciences exactes dans le développement économique et social de la Côte d’Ivoire ». C’est de ce thème général, que nous allons décliner des sous thèmes, que nous proposerons en conférences internes. C’est ainsi que le sous-thème « La contribution des sciences exactes dans le développement économique de la Côte d’Ivoire » sera développé, par votre serviteur le 14 mars 2019. D’autres sous thèmes suivront si le calendrier nous le permet.

Conformément à la volonté de l’ASCAD de promouvoir la Science, le Domaine des Sciences Exactes a sollicité d’aider les collègues qui sont encore actifs dans les laboratoires, dans le financement de leurs recherches. Sur ce point, nous avons nos collègues TOURE Siaka et KOUASSI- GOFFRI Marie Chantal qui ont présenté des projets. Le Pr. TOURE siaka travaille depuis trois ans sur des prototypes de cuisinières solaires. Il a, d’ores et déjà des résultats probants. En avril, il présentera ses prototypes, ici à l’ASCAD. Nous allons demander la contribution de vos services pour en faire la promotion. Dans le cas du Pr. KOUASSI- GOFFRI Marie Chantal, il s’agit de l’étude des éléments radioactifs qui s’infiltrent dans le sous-sol de la décharge d’Akouédo et touchent la nappe phréatique. Elle a étudié leurs impacts sur la nappe phréatique d’Abidjan. Ces travaux seront présentés tout au long de cette année.

J’apprécie votre initiative en tant que responsable de la communication de l’Académie. Elle permettra une meilleure visibilité de nos activités dans les Domaines

Nous avons fait dans le passé quelques conférences internes et publiques dont la mienne sur « l’adéquation formation-emploi ». Ces conférences sont passées presqu’inaperçues. Il faut peut-être les ressortir et en faire des résumés pour les mettre sur le site web ; à disposition du grand public.

Ensuite, nous avons organisé, l’année dernière, le séminaire de formation des enseignants du secondaire, qui a eu un engouement certain. Nous sommes partis du constat selon lequel, un certain nombre d’enseignants n’avaient pas la formation adéquate pour bien maitriser ce qu’ils enseignent aux enfants. Les gens enseignaient les mathématiques et la physique sans en avoir la formation adéquate. Ce séminaire est passé un peu inaperçu médiatiquement. Mais, les Séminaristes ont beaucoup apprécié et certains nous ont demandé de remettre ça au programme de cette année. Ceci, en collaboration étroite avec l’Ecole Normale Supérieure. Cette année, nous ouvrirons une liste plus grande. Nous souhaiterions le faire chaque année, mais ceci demande des financements plus importants. Cette année, nous allons nous y prendre plus tôt.

Avez-vous d’autres rapports avec la société ?

C’est un volet à exploiter au niveau de la communication et au niveau de notre Domaine des sciences exactes. Il faut passer les informations au public, car une conférence qu’elle soit interne ou publique est destinée au public. Un projet retient notre attention : c’est aller dans les lycées et collèges pour entrer en contact avec des jeunes et leur expliquer un certain nombre de choses.

Nous voulons également nous insérer dans la formation au niveau du genre. Aider par exemple au renforcement de la formation des jeunes filles qui veulent s’inscrire dans les concours internationaux, dans des disciplines dites « ardues ». C’est un volet d’ouverture sur lequel insiste la présidence de l’Académie. Il ne faudrait pas rester dans notre tour d’ivoire et ne pas s’ouvrir au public. Nous allons trouver des créneaux pour le faire.

Combien de membres compte votre Domaine ?

A l’ASCAD, un Domaine, compte 12 membres. Les 5 Domaines abritent les 60 membres de l’ASCAD, comme le stipule le décret portant création de l’Institution. A notre niveau, nous n’avons que 7 membres en ce moment qui sont actifs. Certains de nos collègues sont décédés et n’ont pas encore été remplacés tel que le Pr BOGUI Vincent. Mme EHOLIE est absente pour cause de maladie et certains autres sont en dehors du pays pour des raisons politiques ou pour des questions de fonctions internationales. C’est le cas du Pr. Denise Houphouët Boigny. Le Pr. N’Guessan yao thomas est de retour, mais n’est pas encore entré en notre contact. Il y a également le Pr. SAKOTO MOUSSA qui a connu une mesure de radiation parce qu’il ne venait plus du tout aux réunions. Son cas n’était pas encore judiciairement résolu. J’ai eu écho du décret de sa radiation. Il faut qu’il y ait, pour un bon travail, une masse critique active. Celle de notre Domaine est en ce moment assez réduite. Les Académiciens sont d’un certain âge ; c’est bien de programmer des actions, mais il est bien de compter sur des personnes disponibles qui puissent se mettre dans l’action. C’est une problématique à gérer au mieux, car les Domaines sont, comme le dit souvent le Président, les poumons de l’Académie. Si ce n’est pas le cas, l’ASCAD resterait administratif.

Avez-vous des relations avec les autres Domaines ?

Les Domaines sont des pôles disciplinaires ; nous n’avons pas beaucoup d’échanges avec les autres, à part au Collège où tout le monde se retrouve. Les conférences internes sont élargies aux autres Domaines. Le Domaine avec lequel on travaille souvent car nous avons des affinités, c’est le Domaine des Sciences naturelles. Nous avons organisé, ensemble, les premières journées scientifiques de l’ASCAD. Les autres rencontres, c’est plutôt, lors des séminaires et autres activités de l’ASCAD.

Qu’est-ce que, selon vous, nos compatriotes devraient-ils retenir du rôle des disciplines scientifiques que vous représentez ?

Il faut mener des actions pour expliquer comment les Sciences exactes sont impliquées dans tous les leviers de développement de la nation. Beaucoup de tous ceux qui chaque jour prennent leur téléphone pour dire « allo », ne savent pas du tout ce qui est derrière cette machine sur le plan scientifique. Certains ouvrent leur robinet d’eau et l’eau coule, claire et propre, comment cela a-t-il rendu possible ? très peu savent la nature du travail des scientifiques qui est fait en amont depuis la conception et construction des barrages hydroélectriques jusqu’aux stations d’épuration et d’assainissement. Il y a ainsi des gestes qui sont d’une banalité déconcertante, mais qui sont la résultante de travaux scientifiques majeurs élaborés par des mathématiciens, des physiciens et des chimistes. Toute la communication en constante évolution, basée sur les Sciences informatiques relève d’intenses recherches sur des algorithmes et des logiciels. Qui dit logiciel, dit sciences mathématiques donc sciences exactes.

Ces sciences sont d’ailleurs appelées sciences exactes en raison de l’universalité des concepts qu’elles véhiculent. En philosophie, chacun peut avoir son opinion sur une question, une opinion peut être opposable à une autre. Ce qui n’est pas le cas des mathématiques, de la chimie et de la physique. Un théorème mathématique est universel ; surtout au niveau de son applicabilité.

Ce que nous souhaitons faire, c’est d’informer la population que la colonne vertébrale de tout développement économique repose essentiellement sur les sciences et tous les supports technologiques qui en découlent.

En parlant par exemple d’autosuffisance alimentaire, on parle de production alimentaire mais aussi de transformation ; deux secteurs dans lesquels les sciences exactes sont omniprésentes.

Professeur, un mot sur le glyphosate ?

Au niveau de la bourse ASCAD, nous avons soutenu des projets de recherche qui visent à remplacer ces produits chimiques toxiques par des produits biologiques qui joueraient le même rôle. Ceci pour éliminer ce produit du réseau agricole. Nous encourageons ce type de recherche aussi pour la lutte biologique contre les insectes et la recherche de produits non nocifs pour la fertilisation.

L’enjeu, c’est instruire les paysans sur la dangerosité de certains produits tel que le glyphosate. Ici, nos parents paysans ne prennent pas de précautions dans l’utilisation de ce produit. Moi, quand je vais au village, je mets en garde mes frères et cousins qui l’utilisent sans précautions pour désherber les plantations.

Ce sont des informations de sensibilisation qu’il faut divulguer, mais le principal défi est de mettre en place une relève palliative de ces produits.

 

Comment définirez-vous l’ASCAD ?

C’est une institution regroupant d’éminentes personnalités des sphères scientifique, culturelle et artistique, dont la vision première et de porter la réflexion sur un certain nombre de sujets d’intérêt national et de conduire des actions de promotion scientifique et culturelle, au bénéfice du développement du pays.

Notre souhait est donc que l’ASCAD soit de plus en plus sollicitée comme structure ressource, en contribution aux réponses à des questions relatives au développement. Une chose est de mettre des personnes ressources ensemble, mais une autre est de les consulter et de prendre en compte leurs avis.

A l’ASCAD, il n’y a pas que des savants, il y a aussi le personnel administratif. C’est une collaboration bien pensée avec ce personnel, qui peut porter plus haut la voix de l’Académie.