Interview du Pr. TRAORE DOSSAHOUA, Président de la Commission d'Attribution des Bourses.
Bonjour Pr. TRAORE DOSSAHOUA, vous êtes Président de la Commission d’Attribution des bourses, en quoi consiste l’exercice de la présidence d’une Commission ?
La fonction de Président de Commission consiste à diriger un groupe d’Académiciens qui ont choisi de travailler dans cette Commission créée par l’ASCAD. Il y a 5 Commissions et chaque Académicien est libre de s’inscrire dans la Commission de son choix. J’ai été élu comme Secrétaire de cette Commission en 2013.Depuis 2015 j’ai été élu Président de la Commission d’Attribution des Bourses, après le Pr. AOUTI AKOTI Salomon.
Depuis combien de temps assurez-vous cette fonction ?
Mon premier mandat de trois ans a expiré en 2018. Le bureau est composé d’un Président, d’un Secrétaire et d’un Assesseur. Je suis, actuellement, à la première année de mon deuxième mandat.
Et si vos pairs insistent auprès de vous pour un autre mandat ?
Il faut respecter les textes, la Commission s’est dotée d’un règlement intérieur. Il stipule qu’on est élu pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois. Après les six années, il est bon de se retirer.
Pouvez-vous présenter votre Commission ?
La Commission d’Attribution de Bourses est une Commission statutaire de l’ASCAD. Elle a donc été créée en même temps que l’ASCAD, mais elle n’a commencé réellement à attribuer des bourses qu’en 2013. Un budget pour pouvoir attribuer des bourses. De 2013 à 2018, Elle a attribué chaque année deux bourses à des chercheurs et enseignants chercheurs post doctorat. La Commission a pour fonction principale, d’attribuer des bourses à des Chercheurs et des Enseignants Chercheurs qui sont déjà docteurs.
La Commission recherche l’excellence, les personnes qui ont déjà l’expérience de la recherche. L’ASCAD leur apporte une Contribution. C’est une initiative pour rendre nos chercheurs plus performants.
Nous pensons que notre objectif est atteint avec les maigres moyens que l’ASCAD met à notre disposition. Depuis la création de la Commission, l’ASCAD a octroyé 70 909 500 F CFA comme bourses. A ce titre, 15 lauréats dont 8 dames et 7 messieurs ont été récompensés. Six Institutions lauréates sont répertoriées, l’Université Félix Houphouët Boigny, l’Université jean LOROUGNON GUEDE, le Centre de Recherche Océanologique (CRO), l’Université PELEFORO GBON COULIBALY, l’Université NANGUI ABROGOUA, le Centre suisse de recherche scientifique (CSRS).
La Bourse la plus importante a été 8 000 000 Fr CFA et la Bourse la moins élevée est 2.403.0000 F CFA.
La Commission d’Attribution des Bourses se donne des obligations pour être prise au sérieux par les lauréats.
Ceux-ci doivent, deux ans après avoir reçu la bourse, exposer publiquement les résultats obtenus à mi -parcours.
Trois ans après avoir obtenu la bourse, les lauréats doivent fournir un rapport scientifique final et financier à la Commission. Celui-ci est également évalué.
Si le rapport n’est pas satisfaisant, il est retourné au lauréat par rapports aux critiques. Dans le cas contraire, s’il est satisfaisant, il est transmis directement au Président de l’ASCAD.
Le lauréat doit rédiger un article scientifique en vue d’une publication dans une revue scientifique de haut niveau. Une copie est remise à l’ASCAD (Un tiré à part).
Il faut rappeler que l’appel à candidatures est fait à tous les Chercheurs et Enseignants Chercheurs de toutes les disciplines, de toutes les universités et Institutions de recherche de Côte d’Ivoire.
Certains travaux ont-ils retenu l’attention particulière de la Commission ?
A ce niveau, nous pouvons citer trois cas :
1/ nous avons connu une crise socio-politique, en Côte d’Ivoire ; il existait une forêt classée au niveau de Daloa et Vavoua. En 2002 et après, des personnes ont occupé cette forêt classée du haut Sassandra (100.000 ha) qui est devenue une cacaoyère. Cette situation a été mise en lumière par un de nos lauréats.
2/ Un second sujet traité par une dame du Centre de Recherche Océanologique, sur les tilapias importés de CHINE. Des hormones et des antibiotiques sont administrés à ces animaux, ce qui pourrait expliquer de nombreuses maladies chez les consommateurs.
3/Un boursier de 2018 de l’Université Nangui ABROGOUA va travailler sur les bio herbicides végétaux. Depuis 50 ans, l’herbicide utilisé ici est le « round up » qui contient du glyphosate hautement cancérigène. Le souhait est de trouver des herbicides naturels, biologiques.
Entretenez-vous une relation avec les autres Commissions ?
Il y a une relation étroite avec la Commission d’Attribution des Prix. Logiquement, le lauréat de la Commission d’Attribution des Bourses peut postuler pour la Commission d’Attribution des Prix.
L’approche sociétale de la Commission ?
Les référés sont recrutés dans les autres Institutions de Recherche. Les lauréats sont des Chercheurs et des Enseignants-chercheurs. La Commission d’Attribution des Bourses, chaque année, épuise totalement chaque année son budget. Elle demande une rallonge pour augmenter les bourses en nombre et en montant, en vain.
Quel espoir pour la Côte d’Ivoire avec la science ?
Les pays qui dominent le monde sont ceux-là qui font de la recherche pointue. Nous souhaitons que la Côte d’Ivoire emprunte cette voie. Nous ne devons pas rester des éternels consommateurs.
Pour ma part, l’ASCAD est une Institution d’excellence pour contribuer à résoudre les problèmes en Côte d’Ivoire, en Afrique et ailleurs dans le monde.
Interview réalisée par le Service Communication