Cérémonie du XXe anniversaire de l’ASCAD
Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines
Conférence inaugurale
- DE S.E.M. TIEMOKO MEYLIET KONE
VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
THÈME : ÉDUCATION, FORMATION ET EMPLOI EN CÔTE D’IVOIRE
Espace Latrille Events
Jeudi 29 février 2024
République de Côte d’Ivoire
Présidence de la République
Cabinet du Vice-Président
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• Monsieur le Premier Ministre,
• Madame et Messieurs les Présidents d’Institution,
• Mesdames et Messieurs les Ministres,
• Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et
Membres du Corps diplomatique,
• Mesdames et Messieurs les élus,
• Vénérables Rois et Chefs Traditionnels,
• Monsieur le Président de l’ASCAD,
• Mesdames et Messieurs les Membres de l’Académie,
• Distingués invités,
• Chers amis de la Presse,
• Mesdames et Messieurs,
C’est avec un réel plaisir que je prends part à la cérémonie de ce jour, pour
célébrer avec vous ici présents, le 20ème anniversaire de l’ASCAD,
l’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des
Diasporas Africaines.
Je voudrais à cette occasion, vous adresser les chaleureuses salutations
et félicitations du Président de la République, Son Excellence Monsieur
Alassane OUATTARA, que j’ai l’honneur de représenter à cette
célébration.
Depuis deux décennies, l’ASCAD a fortement contribué au rayonnement
intellectuel et culturel de notre pays et du Continent africain, enrichissant
ainsi notre patrimoine commun.
Aujourd’hui, en commémorant 20 ans d’engagement en faveur de
l’excellence, de l’innovation et du partage du savoir, nous réaffirmons notre
intérêt pour le rôle primordial que jouent l’éducation, le travail, la science et
la technologie dans les progrès réalisés par la Côte d’Ivoire.
Honorables invités, Mesdames et Messieurs,
L’ASCAD m’a fait l’insigne honneur de m’inviter à prononcer cette
conférence inaugurale sur le thème « Education-Formation et Emploi en
Côte d’Ivoire : une analyse avec références particulières à l’Enseignement
supérieur et à la Recherche scientifique ».
Ce thème souligne l’importance de l’éducation et de la formation, comme
socle d’une société résiliente et prospère grâce au travail, surtout après
l’année 2023, dédiée à la jeunesse par le Chef de l’Etat.
Aussi, la présente Conférence inaugurale
- Nous amène tout d’abord à établir un état des lieux de l’Education, de
la Formation et de l’Emploi dans notre pays ;
- Elle nous permet ensuite d’en présenter les défis ;
- Elle nous conduit, dans un troisième temps, à définir les orientations
stratégiques pour les batailles inévitables vers une meilleure offre
d’emploi et d’employabilité ;
- Enfin, elle sera l’occasion de rappeler le rôle spécifique de
l’enseignement technique, de l’enseignement supérieur et de la
recherche scientifique.
Chers Académiciens,
Mesdames, Messieurs,
Depuis son indépendance, la Côte d’Ivoire a inscrit l’éducation et la
formation au titre de ses priorités majeures.
Cependant, la mise en œuvre de cette volonté s’est heurtée à une
succession de crises économiques et sociopolitiques, au cours de la
période 1980-2010, qui n’ont pas permis de consolider la dynamique
d’investissements, y compris dans ces secteurs.
Le taux d’investissement global qui était d’environ 30% du PIB au début
des années 1980, a connu une tendance baissière pour se situer à 9% en
2011.
Pour relancer la dynamique économique, l’Etat ivoirien, sous l’égide du
Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane
OUATTARA, a tenu non seulement à diversifier et intensifier
l’investissement public, mais il a également encouragé l’investissement
privé à tous les niveaux. Ainsi, le taux d’investissement global a
progressivement repris sa tendance haussière, pour se situer à environ
27% en fin 2023.
Dans ce cadre, et conscient de l’importance du duo Education-Formation
dans le développement du capital humain, un accent particulier a été mis
sur les infrastructures éducatives et le renforcement des capacités
d’enseignement au cours de la période 2012 et 2023.
Le secteur Education-Formation a ainsi connu une transformation
remarquable durant cette période, avec des réalisations importantes.
- Au total, 44.247 salles de classe ont été construites dans les
établissements préscolaires et primaires, soit plus de 3 fois le
nombre de constructions réalisées au cours de la décennie
précédente ;
- Le nombre de collèges s’est accru avec la construction de 522
nouveaux établissements, portant le total à 797 collèges et lycées à
fin 2023 ;
- L’offre en enseignement supérieur public s'est étoffée, passant de 5 à
11 Universités et Grandes Ecoles, grâce notamment à la création de
nouvelles universités thématiques, pour mieux répondre aux
exigences des secteurs productifs de l’économie ivoirienne et
améliorer l’employabilité des étudiants formés ;
- Le système d’enseignement supérieur a été réformé avec la mise en
œuvre de la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD), de même que
la révision des programmes de formation pour mieux les adapter aux
réalités du monde professionnel.
- L’Etat poursuit également le plan de réhabilitation et d'équipement de
l’Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle
(INSAAC), ainsi que la construction de nouveaux Etablissements
d’Enseignements Artistiques dans plusieurs régions du pays.
En complément de ces développements infrastructurels, et le recrutement
subséquent d’enseignants et chercheurs, les conditions de vie des
étudiants ont été améliorées grâce à la réhabilitation des résidences
universitaires et des Centres Régionaux des Œuvres Universitaires.
En outre, le système d’Education-Formation a su former durant ces
années, des compétences remarquables, capables de compétir
valablement au plan international, et à s’insérer dans des Etablissements
et Institutions de renom à travers le monde.
A titre d’exemple, entre 2016 et 2020, ce sont 29 étudiants de l’INP qui ont
réussi l’exploit d’intégrer la prestigieuse école polytechnique de Paris. Et la
liste ne s’arrête pas là. D’autres grandes écoles telles HEC Paris
accueillent régulièrement un grand nombre de nos plus brillants étudiants.
Toutefois, les défis demeurent nombreux et le regain de dynamisme du
secteur éducatif, notamment dans sa relation avec l’emploi et l’économie
nationale, ne doit rien au hasard, mais à la volonté du Chef de l’Etat et aux
efforts de son Gouvernement.
Quelques indications du cadrage stratégique du secteur de l’éducation,
issues du Plan Côte d’Ivoire 2030, sont d’ailleurs révélatrices.
Selon ce Plan, notre système éducatif affiche une performance, qui doit se
renforcer, tant en termes d’acquisitions des fondamentaux que dans
l’accès à l’emploi. Le tout s’est manifesté jusqu’ici par un besoin persistant
d’harmoniser les programmes académiques avec les besoins du marché
de l’emploi et de la professionnalisation.
C’est une problématique qui a particulièrement retenu notre attention.
En effet, les jeunes de moins de 35 ans constituent 75% de la population
de notre pays. Ce potentiel, s’il n’est pas maîtrisé, peut confronter l’Etat à
des préoccupations majeures, telles que l’aggravation du chômage et
l’incitation à l’émigration. Pour y remédier, il est impératif de renforcer
l’inclusion sociale, et de mettre un accent sur le trinôme Education[1]Formation-Emploi, afin que l’isolement de cette jeunesse ne menace pas,
à terme, la durabilité et la croissance de l’économie nationale.
Ces aspects sont d’autant plus importants, que des alertes surviennent de
temps à autres dans le système éducatif, sous diverses formes, telles que
la montée de la violence, les perturbations des calendriers scolaires et
universitaires, ou encore des programmes d’enseignement pas
suffisamment conformes aux exigences du marché de l’emploi.
Ces situations ont même justifié des « Etats Généraux de l’Education
Nationale et de l’Alphabétisation, à l’issue desquels de nombreuses
analyses et recommandations ont été faites.
Des questions majeures, porteuses d’enjeux et de défis, se posent à la fin
de ce bref panorama. Elles nous imposent d’apporter des réponses et des
solutions pour harmoniser les rapports entre l’éducation, la formation et
l’emploi.
La nouvelle mission que nous souhaitons attribuer à l’Enseignement
Supérieur et à la Recherche dans ce schéma sera donc celle-là.
Chers Académiciens,
Chers étudiants et chercheurs,
Il vous appartient de réfléchir à une autre approche stratégique pour faire
face aux enjeux et relever les défis liés aux emplois d’avenir.
Pour ce faire, la nouvelle vision de l’éducation-formation, se décline à
travers les plans stratégiques, notamment « Côte d'Ivoire 2030 », « le Plan
National de Développement », et « le Plan sectoriel 2016-2025 de
l’Education ».
Cette vision, qui met les ressources humaines au centre du développement
national, favorise un système académique conçu pour fournir non
seulement une éducation et une formation de qualité, accessibles à tous,
mais aussi adaptées aux exigences actuelles du marché du travail.
Elle repose sur trois piliers que sont l’éducation-formation, l’intégration
socio-professionnelle, la créativité et la compétitivité.
Concernant l’éducation et la formation, comme je l’ai indiqué
précédemment, le Gouvernement a réalisé, depuis 2011, de nombreux
investissements et d’importantes réformes, pour restaurer la confiance et
bâtir une croissance forte et durable.
Afin de mieux harmoniser le trinôme Education-Formation-Emploi, il s’est
également engagé à mettre en adéquation l’éducation et la formation,
comme préalables à l’accession aux emplois.
S’agissant de l’intégration socio-professionnelle, les efforts engagés par le
Gouvernement se sont tournés vers une offre de formation en adéquation
avec les besoins du marché du travail.
Il suffit d’observer les actions des différents départements ministériels :
- Le Ministère de la Jeunesse, avec son impressionnant programme
« Emplois jeunes » ;
- Celui de l’Enseignement Technique et de la Formation
professionnelle qui a engagé des programmes importants comme
« l’Ecole de la Deuxième Chance » et « l’Académie des Talents » ;
- Ainsi que le Ministère de l’Enseignement Supérieur, qui a procédé à
la révision des programmes de formation des universités et grandes
écoles publiques, pour mieux les adapter aux attentes du monde
professionnel.
Toutes ces initiatives et actions menées par l’Etat de Côte d’Ivoire ont
permis d’enregistrer des résultats encourageants.
Rien que durant la période allant de 2020 à 2023, ce sont près de
1.212.000 jeunes qui ont bénéficié d’opportunités de Formations de
Reconversion et Requalification (FRR), d’apprentissage, de stages,
d’emplois formels et de financement de projets.
Ainsi, sur la période, les programmes d’insertion professionnelle ont
enregistré environ 576 000 emplois formels créés en faveur des jeunes.
Il est à noter que plus de 322 000 jeunes ont aussi bénéficié de Formations
de Reconversion et Requalification, d’apprentissage, de stages, de
Travaux à Haute Intensité de Main d’Œuvre et de permis de conduire ;
Environ 314 000 jeunes ont également eu accès au financement d’Activités
Génératrices de Revenus et de projets d’entrepreneuriat.
D’autres initiatives entreprises dans le cadre du Programme Jeunesse
du Gouvernement ont permis d’impacter directement plus d’1.105.000
jeunes sur un objectif initial de 700 000, soit un taux de réalisation de
158%.
Par ailleurs, parmi les ambitieuses réformes mises en œuvre récemment
par le Gouvernement ivoirien, il est important de retenir notamment le
relèvement de 2 ans de l’âge limite d’accès aux concours de la Fonction
Publique, de l’ENA et du CAFOP qui a permis d’enregistrer plus de
9 500 candidatures additionnelles.
Enfin, il est indispensable de tenir compte de l’exigence de créativité et de
compétitivité, qui conditionne la durabilité des systèmes d’éducation et de
formation de référence.
Nous ne devons pas oublier que le contexte dans lequel évoluent nos
structures sera de plus en plus concurrentiel, surtout avec l’installation de
la Zone de Libre Echange Africaine (la ZLECAf), l’accélération des
changements qui ont cours dans le monde, et les tensions géopolitiques
dans différentes régions.
Notre système de production des ressources humaines est donc appelé à
s’y préparer. Les actions que déploie actuellement le Gouvernement vont
dans ce sens, avec un appui particulier en faveur de la recherche et de
l’innovation.
Chers académiciens, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais à présent, aborder le rôle central de la recherche scientifique
et technologique dans son contexte général.
L’action synergique de toutes les structures engagées dans ces domaines
sera nécessaire pour relever les défis auxquels notre pays fait face. Nous
ne pourrons être attractifs et compétitifs, sans la recherche scientifique,
technologique et innovante.
En effet, nous vivons une époque marquée par des défis et enjeux sans
précédent, tels que la mondialisation, le changement climatique, la
transition énergétique, la révolution numérique, les maladies émergentes,
les crises alimentaires, le phénomène migratoire des jeunes et le
terrorisme.
Tous ces bouleversements sont en relation étroites avec la formation des
jeunes et leur insertion professionnelle. Il est donc impératif que nos
ressources humaines soient préparées pour aborder avec sérénité le
traitement des problèmes conséquents.
Le Gouvernement a initié, depuis plusieurs années, des actions pour le
renforcement des structures de technosciences de référence. C’est le cas
de l’Institut National Polytechnique Houphouët Boigny et de l’ENSEA,
l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée. Des
initiatives gouvernementales qui ont aussi permis la poursuite des
constructions d’universités dans différentes régions du pays, l’amélioration
des programmes du Fonds pour la Science, la Technologie et l’Innovation
(FONSTI), et la création d’un Pôle Scientifique et d’Innovation au sein de
l’Université Félix Houphouët-Boigny.
Autant d’actions destinées à encourager les efforts de production des
connaissances pour bâtir un avenir meilleur.
C’est dans ce même domaine, que je tiens à féliciter l’ASCAD, qui, avec
ses propres ressources, anime depuis plusieurs années, des programmes
d’attribution de bourses et de financement de concours de travaux de
recherche au bénéfice des jeunes chercheurs.
J’ai noté également la tendance très marquée de l’insertion sociale des
activités de l’ASCAD, notamment par les journées promotionnelles des
sciences qu’elle organise dans nos régions, et qui sont de nature à
encourager les travailleurs ruraux.
Bien évidemment, les changements de conjoncture appellent
nécessairement à modifier les thématiques de la recherche. Il revient donc
aux producteurs de connaissances, notamment à ceux de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique, d’orienter les programmes
d’enseignement et de formation afin de lutter plus efficacement contre le
chômage des diplômés.
Dans le même sens, j’engage la communauté scientifique de notre pays à
renforcer sa contribution à l’innovation et au développement durable.
Les capacités de nos enseignants et chercheurs existent bel et bien,
comme le montrent nos performances au CAMES, la progression des
citations dans les banques de publications, ainsi que les succès des
chercheurs ivoiriens aux différents prix de recherche à l’international.
Enfin, la bataille des connaissances et des talents nous interpelle tous. Elle
rend impérative l’aptitude des acteurs de notre système éducatif et
scientifique - les jeunes surtout - à favoriser les métiers d’avenir et l’auto[1]emploi.
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je ne saurais achever mon propos sans vous redire tout le plaisir que j’ai
eu à présider la présente cérémonie.
Je voudrais exprimer mes vifs encouragements au Président de l’ASCAD,
et à tous ces valeureux académiciens dont l’engagement a apporté, au
cours des deux dernières décennies, une plus-value certaine au contenu
de nos structures d’enseignement, tous secteurs confondus.
Cette célébration est celle de votre engagement en faveur du progrès de
notre pays, par l’éducation de qualité, la formation innovante et l’emploi.
C’est pourquoi je tiens à remercier et à féliciter chaleureusement l’ASCAD,
qui, du fait de son bilan riche et remarquable, semble être âgée de bien
plus que vingt ans.
Joyeux anniversaire à tous !
Je fonde l’espoir que cet anniversaire marque le début d’une ère nouvelle
de découvertes, d’innovations et de prospérité, à travers le développement
continu des savoirs et au profit de l’éducation et de la formation pour un
meilleur emploi en Côte d’Ivoire !
C’est sur ces mots que je voudrais déclarer solennellement closes les
festivités du vingtième anniversaire de l’ASCAD !
Je vous remercie