logo ASCAD

header-ad
header-ad

ACTUALITES

Ouverture du colloque international pluridisciplinaire WEREWERE LIKING: STATURE D'UNE ARTISTE COMPLЀTE LES 9-10 &11 JUIN 2021 UFHB

RAPPORT GÉNÉRAL

Préambule

Le colloque international pluridisciplinaire, « Werewere

Liking : stature d’une artiste complète… », s’est tenu à

l’Université Félix Houphouet-Boigny-Abidjan et à l’École

Normale Supérieure (ENS) les 9, 10 et 11 Juin 2021.

Ce cadre de réflexion interdisciplinaire a fédéré autour de

l’expérience inédite de création originale d’un spectacle de

marionnettiste, une soixante-dizaine de participants venus de

dix pays : Cameroun, USA , Eswatini(ex-Swaziland), Italie,

Togo, Gabon, Sénégal, France, Allemagne et Côte d’Ivoire.

Le présent rapport se déploie en quatre points que sont :

I- La cérémonie d’ouverture

II- Les conférences plénières

III- Les ateliers

IV- Les activités du festival : spectacles, visite, exposition

V- La cérémonie de clôture- La cérémonie d’ouverture

La cérémonie s’est déroulée à l’Amphithéâtre 5 de l’Université Félix

Houphouët-Boigny.

Les allocutions des officiels :

- Le Dr Marx Aké Ahouné, Président du Comité d’Organisation a

souhaité la bienvenue chaleureuse et fraternelle au public.

- Le Dr Dorgelès Houessou, Président du festival et Coordonnateur

Principal du colloque, a exposé sur les raisons de cet événement et

l’engagement de l’ONVDP dans la célébration de Werewere Liking une

pionnière des arts en Côte d’Ivoire.

- Le Pr Jean Marie Kouakou, Directeur de l’École Doctorale SCALL a

salué l’hommage remarquable et exceptionnnel rendu à une légende vivante de la littérature et des arts dont le choix judicieux témoigne de sa stature multidimensionnelle. Il a relevé notamment le versant anthropologique de son œuvre.

- Le Pr émérite Antoine Hauhouot Asseypo, Président de l’ASCAD et

Président de la cérémonie a exprimé toute sa satisfaction de l’excellent travail d’organisation entrepris par l’ONVDP pour la réalisation effective du colloque international pluridisciplinaire. Il a noté avec intérêt la constance de Werewere dans la revalorisation de l’identité africaine pour faire du village Ki-Yi un prestigieux lieu des arts et de la culture. Pour clore son propos, il a prononcé le mot d’ouverture et souhaité plein succès aux assises du colloque.Suite à une présentation biographique de Werewere Liking par le Dr Ngo Nyeck Sybille de l’UCLA, Los Angeles, California (United States), le Pr Antoine Hauhouot Asseypo a procédé à la remise solennelle du Prix de la Citoyenneté de l’ONVDP à l’illustre artiste et académicienne pour l’excellence de l’ensemble de son œuvre, pour son apport considérable à l’émergence artistique par la formation aux métiers de la culture et la promotion d’artistes et d’artisans panafricanistes.

II- Les conférences plénières

Les conférences plénières ont été présentées en vidéoconférence pour

la plupart. Ainsi :

- En qualité d’invité d’honneur, Le Pr Mwantuali Joseph, Chair

Professor of French, de l’Hamilton College New York (USA), Président du Comité Scientifique du colloque, a prononcé la conférence inaugurale portant sur « Le village Ki-Yi, un référentiel igné ». Il a délivré la restitution des potentialités insoupçonnées du village Ki-Yi. Ce foyer des arts et de la culture concentre toutes les forces créatrices propres à un enseignement initiatique authentique, à une réappropriation de l’essence de l’homme noir ou de la mystique identitaire. Au-delà de la perception courante, le village Ki Yi a été assimilé à une «centrifugeuse » de centrale nucléaire à savoir que cette entreprise de création recèle un système complexe harmonieusement construit autour d’un esprit panafricaniste invétéré.

- Le Pr Lydia Bauer (Privatdocente), de l’Institut d’Etudes Romanes, de

l’Université de Postdam (Allemagne), a exposé sur « Le retour en Egypte

ancienne dans l’œuvre de Werewere Liking ». L’auteure a convié le public à un voyage immémorial inscrit au projet de revalorisation de la culture africaine. D’ Elle sera de jaspe et de corail à Cahier d’un retour au pays natalWerewere entre en dialogue avec Aimé Césaire pour accomplir le rêve du retour aux sources. Il s’agit de sortir de la situation de victimisation post coloniale, par l’alchimie chez Werewere et la chimie de Césaire, pour engager l’Afrique dans la quête identitaire ancrée dans la sphère de la spiritualité ancestrale.

- Le Pr Karen Ferreira-Meyers, Coordinatrice linguistique et

lettres/langues modernes, de l’Institut of Distance Education, University of Eswatini (Swaziland), a animé une conférence intitulée : « Werewere Liking : une esthétique autofictionnaire ou autofictive ? ». Cette communication a décrypté dans La mémoire amputée une esthétique de l’autoreprésentation pour nous faire vivre sa propre expérience autour du primat du dire sur le dit comme du personnage sur la personne. Au cours de ce jeu osmotique des données autofictionnaire et autofictive, l’auteure déroule dans une écriture de la mixité la tension entre le réel et l’imaginaire. Les oscillations entre écriture et identité révèlent le ferment d’une force recréatrice et régénératrice ressentie comme une nécessité.

- La Pr Natasa Raschi, du Dipartimento di Lettere Universita degli Studi

di Perugia, a présenté la conférence intitulé : « Variation linguistique et

stratégies traductives dans l’œuvre théâtrale de Werewere Liking en langue italienne ». Elle y a scruté la délicatesse de l’opération de traduction attribuée à l’immense œuvre théâtrale de Werewere en langue italienne. L’interprétation des subtilités langagières astreignent sans cesse le traducteur à l’exigence d’une excellente connaissance des valeurs et des facteurs qui fluctuent au gré des circonstances historiques et culturelles. Dans cette démarche conversationnelle, la maîtrise du mouvement de la langue détermine la façon dont le traducteur aborde l’interlocuteur formel ou informel dans un contexte de communication.

III- Les ateliers

Les 60 communications en atelier se sont organisées suivant 2 axes

thématiques autour desquels gravitent 6 sous-thèmes répartis sur 15 panels.

- Axe 1 : Études descriptives d’une praxis artistique singulière

- Axe 2 : Croisements théoriques et pensée plurielle

Axe 1 : Études descriptives d’une praxis artistique et culturelle

singulière

Les communications de cet axe ont exalté l’expérience de création

dans toute sa plénitude pour mettre en relief le potentiel insoupçonné de

l’œuvre artistique et culturelle de Werewere.

Le sous-thème 1 a permis de décrire la nécessité de saisir le substrat

des productions littéraires de Werewere Liking dans son inspiration profonde,ce qui astreint la recherche à une mise en branle de l’œuvre romanesque,poétique et théâtrale, etc. L’écriture dramaturgique de Werewere Liking a pu rendre compte du sens élevé des valeurs de la tradition africaine autour de la réitération des mythes, des récits initiatiques, des contes, des chants et musiques populaires. Au gré de la sociocritique, la dramaturgie werewereyenne se nourrit également des expériences des délires, des hallucinations, des psychoses, des névroses. Cette praxis littéraire incarne une véritable pédagogie des arts de la scène à travers ce qu’il est convenu d’appeler le théâtre rituel ou théâtre d’agitprop. Sous l’angle romanesque, les contributions ont exprimé avec force les souvenirs représentant la matrice des données mémorielles dans La mémoire amputée en tant que discours et métadiscours. La création poétique iconoclaste de l’artiste a aussi été passé au crible afin de révéler que ses enjeux esthétiques couvent, d’un point de vue anthropologique, un profond engagement citoyen et panafricain.

Le second sous-thème 2 a montré l’hétérogénéité des points de vue

plastique et musical sur l’action culturelle en tant qu’elle s’approvisionne à la source inépuisable de la sève vivifiante de la création artistique. Les

exposés ont mis en évidence d’une part le parallélisme de deux ordres de réalité que sont le réel observable et l’irrationnel dans la double interprétation de la plastique picturale, et d’autre part, l’exaltation, la hardiesse de l’imagination créatrice dans les compositions musicales de l’artiste. Quant au développement des arts et de la culture au village Ki-Yi, il requiert une volonté politique d’appui à la création, à la protection des œuvres de l’esprit et à la promotion culturelle.

Le sous-thème 3 a invité le public à une plongée au cœur du langage

artistique dans ses résonances stylistique et identitaire. En usant d’une

écriture « werewere » avec une liberté d’expression invétérée, l’artiste

dévoile les vertus d’une communication non verbale pluridimensionnelle

sous la bannière de la performatologie. Dans cette approche pragmatique, le langage se met au service d’une animatrice culturelle avertie pour servir d’instrument d’action dans le monde social.

Axe 2 : Croisements théoriques et pensée plurielle

La question de l’intermédialité et la trans-sémiotique chez Werewere

Liking a fait l’objet d’exploration théorique féconde d’une écriture

transgénérique qui prend son ancrage dans une pensée dynamique.

Les communications développées dans le sous-thème 1 ont permis de

montrer que les hétérogénéités discursives dans L’espionne des ancêtres sont le ferment de la liberté d’expression artistique dont jouit pleinement Were. Sa philosophie revêtue d’une iconoclastie peu commune professe une écriture du renouvellement culturel dans la productivité aussi bien du texte romanesque que des formes théâtrales. En remettant au goût du jour les questions lancinantes de l’intergénéricité et de l’interdiscursivité dans les chants romans, il apparaît que le dialogue des systèmes de pensées se nourrit à satiété à l’abreuvoir du mythe, des discours politiques et religieux pour aboutir à l’expression d’un art total.

Les communications du sous-thème 2 ont porté sur l’enjeu identitaire

aux accents panafricanistes. Sous l’égide des mythes fondateurs, du conte,des rites initiatiques du Mbock, de l’épopée, du Mvet, l’imaginaire littéraire se fait l’écho du secret et du sacré dont seuls les oralistes gardent jalousement la clef. Par une voix(voie) oraculaire, Werewere fait entendre une complétude artistique et un agir numineux dans le processus de revalorisation artistique et culturelle pour la renaissance de l’Afrique.

Le sous-thème 3 a mis un point d’honneur au discours symbolique sur

l’archétype de la femme africaine militante, omniprésente au cœur des

problèmes sociaux de la vie quotidienne. Du féminisme à la féminité, les

communications ont peint dans une stylistique éloquente les traits dominants de la femme idéalisée qui revendique une place digne dans le cadre de la création littéraire. Celle-ci porte désormais, aux côtés de l’homme la marque déposée d’un leadership panafricaniste, viril, humaniste apte à la conquête d’une nouvelle Afrique.

Au-delà de la dualité axiale, les réflexions menées n’ont eu de cesse de

se soumettre au questionnement de l’art et de ses représentations. L’intérêt constant des participants et du public pour marquer à l’encre indélébile le caractère multidimensionnel d’une artiste hors du commun, à savoir : l’habileté d’artisan, la virtuosité du style et la passion créatrice.

Vraisemblement, Werewere a brassé et embrassé la totalité des genres

artistiques : romancière, essayiste, poète, dramaturge, comédienne de théâtre et de cinéma, musicienne, chorégraphe, peintre, graveuse, plasticienne, performeuse scénique, costumière, bijoutière et chercheuse, entre autres, que l’ONVDP a saisi l’occasion historique de célébrer en témoignage de sa contribution à l’édification du savoir artistique négro-africain et à l’éclosion de la pensée contemporaine noire.

IV- Les activités du festival : spectacles, visite, exposition

À la suite des travaux en atelier, la Reine-Mère a gracieusement ouvert

le village Ki-Yi aux participants du colloque pour non seulement une visite guidée de son entreprise de création, mais aussi pour donner un éclat particulier à l’événement. Le site de la Fondation Panafricaine a fait l’objet d’une fructueuse immersion dans l’univers spectaculaire, rituel et

merveilleux des marionnettes, des masques, des statuettes et objets d’art de tout genre. Cette ambiance féerique a été ponctuée par une exposition[1]vernissage de ses toiles prodigieuses qui a mis en scène un panorama de l’incroyable talent artistique de l’illustre hôte. En dehors de prestations scéniques riches en musique et en couleur, la présence de Mary Sharp qui a travaillé avec l’artiste durant un mois à la représentation d’un spectacle inédit et atypique de marionnettiste, a été le point d’orgue des festivités.

V- La cérémonie de clôture

La cérémonie de clôture a eu pour cadre l’Amphi de l’UFR des

Sciences Pharmaceutiques et biologiques de l’UFHB, en présence de

Werewere Liking, de Mary Sharp et d’autres artistes du village Ki-Yi.

Le Coordonnateur Principal du colloque, Dr Dorgelès Houessou a

ouvert les allocutions. Il a renouvelé ses remerciements à toute l’assemblée et souhaité un bon retour à la délégation venue de l’étranger.

La Reine-Mère Werewere Liking a dit sa grande joie d’être honorée

sous un cachet spécial et a témoigné sa reconnaissance à l’ONVDP .Le Pr Kouadio Jérémie, représentant du Président de l’ASCAD, a dit

le mot de clôture. Il a adressé toute sa gratitude à Werewere Liking pour son engagement indéfectible à promouvoir le dialogue des genres artistiques, des cultures et des peuples. Il a interpellé l’auditoire sur la nécessité de valoriser les créations et les théories africaines et insisté sur le fait que le temps est désormais venu, pour les chercheurs africains, de prendre part à la valorisation et à l’éveil des civilisations noires. Il a en outre exprimé ses vives félicitations et ses encouragements à tous les participants du colloque de manière générale et au Comité d’organisation en particulier pour son dynamisme, et le succès de cette rencontre scientifique.Au terme des assises du Colloque International Pluridisciplinaire, les participants ont reçu, pour leur contribution significative, des mains du Dr Marx Aké Ahouné, des attestations de communication avec les compliments du Comité d’Organisation.

Fait à Abidjan, le 11 Juin 2021,

Le rapporteur principal du colloque

Dr Gueye Yoro Emmanuel

Enseignant-Chercheur à l’INSAAC